Le Kenya propose une loi pour responsabiliser les entreprises de BPO face aux réclamations des employés

Nairobi

Le Parlement kenyan a introduit un projet de loi visant à réformer le secteur de l’externalisation des processus d’entreprise (BPO) et des services informatiques (ITES), en réponse à des plaintes concernant les conditions de travail dans ce domaine en pleine croissance.

Un cadre juridique renforcé

Le projet de loi d’amendement du droit des affaires de 2024, actuellement en discussion, prévoit des obligations plus strictes pour les entreprises de BPO opérant au Kenya. Les employeurs devront fournir les outils nécessaires à leurs employés, indépendamment de leur provenance, et ne pourront plus se soustraire à leurs responsabilités en prétendant ne pas être directement bénéficiaires des services fournis.

Ce texte suit une décision judiciaire de septembre 2024 qui a permis aux employés de poursuivre les entreprises de BPO localement. Ces évolutions font suite à des accusations portées par d’anciens employés de Sama, un prestataire majeur dans la modération de contenu, qui a travaillé pour des clients comme Meta. Ces employés ont dénoncé des conditions d’exploitation, notamment des salaires aussi bas que 2 dollars de l’heure, loin des 12 dollars promis par les partenaires commerciaux.

Impacts potentiels sur le secteu

Le projet de loi vise à aligner les normes de travail kenyanes sur les standards mondiaux et à protéger les travailleurs contre les abus. Cependant, il suscite des inquiétudes dans le milieu des affaires. Un avocat consulté par TechCabal a averti que ces dispositions, bien qu’importantes, pourraient dissuader les multinationales d’investir dans le pays en raison des coûts accrus de conformité et des risques juridiques.

Le texte prévoit également que les entreprises de BPO soient tenues responsables des réclamations des employés, même si elles ne sont pas les bénéficiaires directs des services fournis.

Contexte et ramifications

Sama, autrefois partenaire de Meta pour la modération de contenu, a été au cœur de controverses. Après avoir été poursuivie par plus de 180 employés pour licenciement abusif et négligence psychologique liée à la nature traumatisante de la modération de contenu, Sama a cessé ces opérations. L’entreprise se concentre désormais sur l’étiquetage de données pour des clients tels que Microsoft, Google et Walmart.

Par ailleurs, Meta fait également face à une action en justice distincte pour le rôle présumé de son algorithme dans l’alimentation de violences ethniques en Éthiopie. Les plaignants réclament 1,6 milliard de dollars pour soutenir les victimes et interdire les recommandations de contenus préjudiciables.

Un défi pour le positionnement du Kenya dans l’industrie mondiale

Le Kenya s’est imposé comme un acteur clé dans le secteur de l’externalisation, employant des milliers de travailleurs dans des entreprises comme Sama et Majorel. Toutefois, l’équilibre entre protection des employés et attractivité pour les entreprises reste délicat.

« Une régulation excessive pourrait nuire à la compétitivité du Kenya », a déclaré un expert juridique. Sans une mise en œuvre équilibrée, le projet de loi pourrait décourager les investissements étrangers dans un secteur crucial pour l’économie locale.

En définitive, ce texte reflète une volonté de responsabilisation des entreprises tout en soulignant la nécessité d’une approche mesurée pour éviter des répercussions économiques négatives.

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