Le gouvernement militaire du Mali a réussi à obtenir un règlement de 160 millions de dollars (environ 126 millions de livres sterling) dans un litige fiscal avec Resolute Mining, une société minière australienne. Ce règlement intervient après l’arrestation du PDG britannique de la société, Terry Holohan, ainsi que de deux autres employés, il y a dix jours.
Un Conflit Économique qui Dégénère en Crise Diplomatique
Selon des sources locales, Terry Holohan et ses collègues ont été interpellés alors qu’ils se rendaient à Bamako pour ce qu’ils pensaient être des négociations fiscales de routine avec les autorités maliennes. Au lieu de cela, ils ont été accusés de contrefaçon et de dégradation de biens publics, des chefs d’accusation qui, selon les observateurs, semblent être un levier de pression pour forcer Resolute Mining à accepter le règlement.
Un Paiement Imminent pour Éviter l’Escalade
La société minière a annoncé qu’elle effectuerait un premier paiement immédiat de 80 millions de dollars à partir de ses réserves de trésorerie, le solde étant prévu pour les mois suivants. Cette somme vise à solder les arriérés fiscaux contestés par le Mali, tout en permettant la libération conditionnelle des employés détenus.
« Nous sommes parvenus à un accord pour résoudre ce différend et espérons que nos employés seront libérés dès que les premières transactions auront été effectuées », a déclaré un porte-parole de Resolute Mining.
Contexte : Une Volonté de Reprendre le Contrôle des Ressources
Le Mali, l’un des plus grands producteurs d’or en Afrique, intensifie ses efforts pour accroître la part des revenus issus des mines opérées par des entreprises étrangères. Cette stratégie s’inscrit dans un contexte de réforme économique menée par le président, le colonel Assimi Goïta, pour renforcer le contrôle de l’État sur les secteurs stratégiques.
En 2023, une réforme du code minier a été adoptée, augmentant la participation maximale des investisseurs étatiques et locaux dans les projets miniers de 20 % à 35 %. Cette nouvelle législation vise à redistribuer davantage les richesses minières aux citoyens maliens tout en stimulant l’investissement local.
Une Répression Accrue contre les Sociétés Minières Étrangères
Le gouvernement malien a récemment intensifié ses actions contre les entreprises étrangères opérant sur son sol, notamment celles basées en Occident. L’arrestation des dirigeants de Resolute est perçue par certains analystes comme un avertissement à d’autres opérateurs miniers qui pourraient envisager de contourner les nouvelles régulations.
Selon des experts du secteur, l’industrie minière au Mali représente environ 10 % du PIB, faisant de l’or l’une des principales sources de revenus du pays. Cependant, le gouvernement cherche à maximiser sa part des bénéfices pour financer ses programmes de développement.
Une Tension Croissante entre Souveraineté Économique et Investissement Étranger
Les arrestations de dirigeants d’entreprises occidentales, couplées aux nouvelles réformes du secteur minier, témoignent de la volonté du Mali de reprendre le contrôle de ses ressources naturelles face aux multinationales. Toutefois, cette stratégie pourrait engendrer des tensions avec des investisseurs étrangers qui pourraient percevoir le pays comme un environnement risqué pour les affaires.
« Nous appelons à des règles du jeu claires et équitables pour les opérateurs étrangers afin de maintenir la confiance des investisseurs », a déclaré un analyste financier basé à Johannesburg.
En fin de compte, cette affaire pourrait marquer un tournant dans la manière dont le Mali aborde ses relations avec les entreprises étrangères, en cherchant à équilibrer souveraineté nationale et attractivité économique.