Un récent rapport de Flourish Ventures met en lumière un constat troublant : bien que les fondateurs africains soient passionnés par leurs parcours entrepreneuriaux, cette passion se fait au détriment de leur bien-être mental. Le rapport révèle que plus de 80 % des fondateurs interrogés dans 13 pays africains luttent avec des problèmes de santé mentale, avec des taux alarmants d’anxiété (60 %), de stress élevé (58 %), d’épuisement (52 %) et de dépression (20 %).
Les défis de la collecte de fonds, combinés à une volatilité macroéconomique persistante, exacerbent cette pression. « Prioriser le bien-être des fondateurs ne bénéficie pas seulement à leur qualité de vie, mais aussi au succès à long terme de leurs entreprises », a déclaré Ameya Upadhyay, partenaire chez Flourish Ventures. Le rapport a été élaboré à partir des réponses de plus de 160 fondateurs et vise à initier un débat sur la nécessité de soutenir ces leaders, tant en Afrique qu’à l’international.
Malgré les défis, 81 % des fondateurs interrogés continuent de se dire passionnés par leur travail. Pourtant, 59 % citent la collecte de fonds comme le facteur de stress le plus important, suivi par l’inflation (44 %) et l’instabilité économique (40 %). Même les fondateurs de startups à succès ne sont pas épargnés, plus de 70 % d’entre eux signalant également des problèmes de santé mentale.
Une part croissante des fondateurs exprime le besoin de relations plus humaines avec les investisseurs. Près de 50 % des sondés demandent que les investisseurs limitent les attentes irréalistes et les reconnaissent comme des individus, plutôt que comme de simples moteurs de rendement financier. Iyin Aboyeji, associé fondateur de Future Africa, souligne que « les facteurs externes échappent souvent au contrôle des fondateurs, ce qui alimente leur stress. En tant qu’investisseur, j’encourage mes fondateurs à se concentrer sur ce qu’ils peuvent maîtriser ».
Pour alléger cette pression, de nombreux entrepreneurs se tournent vers l’exercice (59 %), les relations interpersonnelles (49 %), un meilleur sommeil (45 %) et une alimentation plus saine (42 %). Ceux disposant d’un réseau de soutien solide signalent un bien-être supérieur de 13 % par rapport à ceux ayant un réseau plus restreint.
Cependant, malgré les bienfaits d’une communication ouverte, seuls 14 % des fondateurs se sentent à l’aise de parler de leur santé mentale, freinés par la peur du jugement et le manque d’empathie de la part des investisseurs. Efayomi Carr, lors d’un appel avec TechCabal, plaide pour une refonte des relations entre investisseurs et fondateurs, prônant des attentes réalistes et une approche centrée sur l’humain.
Carr conclut en affirmant que se concentrer sur le bien-être des fondateurs est essentiel non seulement pour des raisons éthiques, mais aussi pour la résilience et la pérennité de leurs entreprises : « Les données que nous avons collectées ne sont qu’un début, nous espérons que cela encouragera un dialogue continu pour bâtir un écosystème entrepreneurial plus fort et plus humain ».